Dans le cadre d’une vaste étude, Sciensano a analysé les engagements en matière d’alimentation, de santé et de durabilité de plusieurs entreprises alimentaires en Belgique. Les résultats varient considérablement selon les entreprises et les secteurs. En moyenne, ils restent faibles, surtout pour les aliments sains. Les résultats en matière de durabilité sont légèrement meilleurs, mais des progrès significatifs nécessiteraient une adaptation de la réglementation par les gouvernements.
Le surpoids et l’obésité représentent des problèmes majeurs de santé publique: ils contribuent à des maladies graves comme le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires. Les environnements alimentaires malsains figurent parmi les principaux facteurs influençant le surpoids et l’obésité. Par ailleurs, le système alimentaire belge est responsable d’environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi Sciensano a étudié comment les entreprises s’engagent à rendre l’environnement alimentaire en Belgique plus sain et plus durable.
L’étude a porté sur 33 entreprises issues de quatre secteurs: supermarchés, restaurants à service rapide, fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées. Leurs engagements en matière d’alimentation saine a été évaluée dans six domaines. Les entreprises ont également eu la possibilité de fournir des informations et un retour sur leurs résultats. Réalisée pour la deuxième fois depuis 2019, l’étude permet une comparaison avec les données antérieures.
“Un certain nombre d’entreprises obtiennent un meilleur résultat qu’en 2019, mais les progrès restent généralement limités,” confie Stefanie Vandevijvere, chercheuse chez Sciensano, qui a coordonné l’étude. “D’autres ont régressé. En règle générale, l’environnement alimentaire reste malsain, ce qui favorise des habitudes alimentaires néfastes pour la santé. C’est donc aux autorités de prendre des mesures pour le rendre plus sain.”
Les meilleurs résultats sont le plus visibles dans les supermarchés : on y observe une amélioration continue de la qualité alimentaire des produits de marque propre. Cependant, l’offre globale reste largement dominée par des aliments mauvais pour la santé, qui bénéficient également de promotions fréquentes et d’une forte mise en avant. Dans les chaînes de fast-foods, l’amélioration est très limitée depuis 2019. Bien qu’il y ait davantage d’informations nutritionnelles disponibles sur les repas, les engagements forts pour réduire le marketing des aliments malsains restent absents. De plus, le nombre de fast-foods a fortement augmenté en Belgique, comme l’a montré une étude précédente. Chez les fabricants d’aliments emballés et de boissons non alcoolisées les résultats sont mitigés. L’utilisation du Nutri-Score a progressé, mais la composition des produits alimentaires ne s’est généralement pas améliorée. Là encore, des engagements forts visant à limiter la publicité pour les aliments malsains font défaut.
En matière de durabilité, les entreprises obtiennent en moyenne de meilleurs résultats qu’en santé (avec une exception importante : l’offre d’alternatives végétales). Stefanie Vandevijvere explique : “Pour la durabilité, il existe un stimulant économique: réduire l’énergie ou le matériel d’emballage permet de réduire les coûts pour les entreprises.” Pour la santé, ce stimulant économique est généralement absent. L’étude souligne également qu’il n’existe pas de lien entre les scores obtenus pour la durabilité et ceux obtenus pour une alimentation saine.
“C’est la raison pour laquelle une réglementation adaptée par les autorités est indispensable pour enregistrer des progrès en matière de santé”, ajoute Stefanie Vandevijvere. Les priorités devraient cibler les secteurs aux résultats les plus faibles, comme les restaurants à service rapide, ou les domaines problématiques comme la publicité, qui promeut encore trop souvent des aliments malsains, notamment auprès des enfants. “Ces mesures, déjà recommandées par le Conseil supérieur de la santé, auraient un impact significatif sur la santé publique tout en étant peu coûteuses.»
Consultez l’étude complète ainsi que les fiches d’évaluation de toutes les entreprises
Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet européen FEAST, auquel ont également participé d’autres pays européens avec des études similaires.