Alors que seulement deux foyers de HPH5Nx avaient été observés en 2020, le LNR belge influenza aviaire a observé en 2021 11 foyers dans des exploitations (6) et chez des animaux vivants en captivité, et cela sans véritable interruption pendant la période estivale. Une évolution remarquable car, jusqu’alors, les épidémies de virus influenza s’étaient principalement produites pendant la période hivernale et on assistait à une « pause estivale » typique. La perte de la saisonnalité pourrait indiquer une circulation persistante du virus chez les animaux sauvages .

La migration d’automne des oiseaux sauvages en 2021 a ravivé l’épidémie en apportant un flux de nouveaux virus H5Nx hautement pathogènes. Le premier oiseau sauvage positif de la nouvelle vague en Belgique a été confirmé le 12 novembre 2021, suivi de la première exploitation avicole positive le 8 décembre 2021. La saison 2021-2022 de la grippe aviaire a démontré l’utilité de la surveillance des oiseaux sauvages comme système d’alerte. En 2021, 30 oiseaux sauvages, comme des oies, des canards, des oiseaux de proie et des oiseaux littoraux, ont été testés positifs pour la souche H5Nx hautement pathogène du virus. En un mois (janvier 2022), une trentaine de nouvelles détections chez des oiseaux sauvages sont venues s’ajouter, ce qui signifie qu’à ce moment une grande quantité de virus de la grippe aviaire (H5 hautement pathogène) circulait parmi ces animaux (pression infectieuse élevée). Ces cas concernant des oiseaux sauvages ont surtout été détectés dans le nord de notre pays, lequel est particulièrement densément peuplé en oiseaux aquatiques, mais où se trouvent également la grande majorité de nos fermes avicoles. Le premier oiseau sauvage dont le test s’est révélé positif en Wallonie a été signalé dans la province de Liège le 9 février 2021.

Durant la saison 2021-2022, l’identification de cas dans la faune sauvage augmente fortement, et 7 foyers sont notifiés dans le secteur de l’élevage domestique de volaille (6 élevages professionnels et un élevage particulier).

Au cours de la saison 2022-2023 de la grippe aviaire, 13 détenteurs professionnels, 19 détenteurs amateurs, 250 oiseaux sauvages, 18 mammifères sauvages et 1 parc animalier en Belgique ont été diagnostiqués avec l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5. Ces chiffres indiquent une forte pression d’infection dans la faune sauvage et donc des conditions risquées pour l’industrie.
En outre, comme l’année dernière, un certain nombre d’oiseaux sauvages ont été testés positifs en Belgique et en Europe au cours de l’été, ce qui confirme que le virus qui circule actuellement n’est plus saisonnier, mais qu’il se niche dans la population d’oiseaux sauvages. Cependant, le nombre de cas positifs hebdomadaires a diminué à partir d’août 2023 avant de retomber à zéro au début de la saison 2023-2024. Aucun nouveau cas n’a été identifié en octobre et novembre 2023, ce qui est nettement différent du début de la saison précédente (2022-2023), qui avait connu une nouvelle vague d’infection durant les mois d’automne.
Le 1er décembre 2023, un premier foyer d’IAHP-H5N1 dans un élevage professionnel de volailles a été confirmé par le laboratoire national de référence (LNR) de Sciensano. Cette réintroduction confirme la persistance du risque et souligne la nécessité de maintenir un niveau très élevé de vigilance et de biosécurité dans l’industrie avicole belge.

À la suite d’une deuxième détection du virus dans le secteur, le ministre compétent a réintroduit l’obligation de mise en cage des volailles professionnelles à l’échelle nationale.  Le 11 décembre, le premier oiseau sauvage de la saison, un courlis (Numenius arquata), a été testé positif à l’influenza aviaire hautement pathogène. Le LNR collabore avec les autorités régionales (Flandre ANB, Wallonie SPW et Bruxelles LB) et fédérales (AFSCA) pour collecter les oiseaux malades et morts à des fins d’investigation afin de surveiller en permanence la situation sur le terrain.Le LNR grippe aviaire de Sciensano procède à d’autres caractérisations de ces virus. Il s’agit notamment d’isoler le virus, de déterminer son génome complet et de mettre en place des études de pathogénicité. Le LNR évalue ainsi l’évolution du virus, les risques pour les oiseaux et le niveau d’adaptation aux mammifères. 

Pour le premier foyer chez les volailles, il a été démontré que le virus appartenait à un nouveau génotype très récent, «DG», associé à deux autres souches isolées chez des volailles en Allemagne (novembre). Ce génotype a la même composition que le génotype «AB», à l’exception des segments de gènes PB2 et PA. Le génotype «AB» a été détecté le plus fréquemment dans les pays européens voisins depuis le début de la nouvelle saison. 

Depuis 2014, la forme hautement pathogène du virus de l’influenza aviaire (souches hautement pathogènes d’influenza H5Nx) réapparaît régulièrement en Europe. Depuis 2016, il s’agit de la souche « clade 2.3.4.4b H5 ».

2016-2017	2017-2018
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2018-2019	2019-2020
[5]	[6]
2020-2021
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Figure 1 : représentation des foyers dans les différentes saisons, clade 2.3.4.4b HPAI-H5 depuis 2016 (source : EFSA [8]). Cercle = foyer concernant de la volaille, étoile = foyer concernant des oiseaux sauvages, triangle = foyer concernant des oiseaux vivant en captivité.

Le type de virus actuellement en circulation est exceptionnellement virulent tant pour la volaille que pour les oiseaux sauvages. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a déclaré que l’épidémie de grippe aviaire de l’hiver 2020-2021 était l’épidémie la plus dévastatrice et la plus durable d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) jamais survenue en Europe.